logo
#

Dernières actualités avec #Burkina Faso

Comment Beyoncé, R.Kelly et le pape sont détournés avec de l'IA pour nourrir le culte du chef de la junte burkinabè
Comment Beyoncé, R.Kelly et le pape sont détournés avec de l'IA pour nourrir le culte du chef de la junte burkinabè

Le Parisien

time6 days ago

  • Politics
  • Le Parisien

Comment Beyoncé, R.Kelly et le pape sont détournés avec de l'IA pour nourrir le culte du chef de la junte burkinabè

À en croire des vidéos virales qui circulent sur Internet, le chanteur américain R. Kelly , Beyoncé et le pape Léon XIV sont d'accord sur un point : le chef de la junte du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré , est un dirigeant fantastique. Depuis plusieurs semaines, la junte burkinabè mène une campagne de désinformation avec des vidéos détournées pour héroïser son chef, loin des violences djihadistes qui endeuillent son pays et de la répression des voix discordantes . Mêlant propagande et contenus générés par intelligence artificielle (IA) , ces vidéos se sont intensifiées depuis avril et ont été particulièrement relayées dans des pays anglophones d'Afrique de l'Ouest. L'une des vidéos, visionnée plus de deux millions de fois depuis mai, montre le chanteur américain R. Kelly, actuellement emprisonné pour trafic sexuel en Caroline du Nord, chanter depuis sa prison, au piano et les larmes aux yeux, une ode en anglais au capitaine Traoré. Il y célèbre un homme « debout » qui « a tout risqué » et « se bat pour la paix dans sa terre natale », entre deux images de synthèse du leader burkinabé menant ses troupes au combat. Dans une autre chanson en anglais vue près de 100 000 fois depuis mai, la star américaine Beyoncé pleure dans une église, sur une plage ou dans une forêt en flammes, en appelant à protéger le capitaine Traoré, « la voix des faibles » et « le capitaine de notre vaisseau ». Le pape Léon XIV est également mis à contribution : des images détournées le montrent répondant à une supposée lettre du capitaine Traoré, où il dit avoir « entendu le cri d'un continent blessé par l'abandon et l'exploitation ». « Ces campagnes d'influence et de désinformation visent à étendre le culte de la personnalité autour du capitaine Traoré vers les voisins anglophones du Burkina Faso », explique à l'AFP un chercheur américain sous couvert d'anonymat. Et à détourner l'attention de l'incapacité du leader de la junte à tenir son engagement, pris en prenant le pouvoir par un coup d'État en septembre 2022 , de reprendre le contrôle du pays en six mois face aux djihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l'État islamique. Les attaques se sont depuis multipliées , faisant des milliers de morts. Parallèlement, des campagnes de désinformation sont apparues dans plusieurs pays anglophones africains après que le général américain Michael Langley, alors chef du commandement des États-Unis pour l'Afrique (AFRICOM), a accusé la junte de détourner les ressources minières pour financer sa sécurité. Des propos dénoncés par les autorités burkinabées, mais aussi par leurs voisins et alliés du Niger et du Mali. Des activistes et influenceurs anglophones, en Afrique et même aux États-Unis, ont relayé de la désinformation, notamment pour dénoncer Langley et magnifier Traoré. « La manipulation informationnelle est devenue un levier de conservation du pouvoir et de légitimation de la présence de la junte », analyse un spécialiste burkinabé en influence informationnelle, qui préfère garder l'anonymat pour raisons de sécurité. Selon lui, la junte dispose de groupe de cybermilitants qui « fonctionnent comme une armée numérique ». « Ils relaient un narratif anti-impérialiste, qui présente le capitaine Traoré comme celui qui va sauver le Burkina et l'Afrique du néocolonialisme de l'Occident », ajoute-t-il. Et leur narratif « arrange la Russie, qui l'amplifie à son tour ». Certains rapports ont effet établi « des connexions russes dans la récente poussée de ces opérations de désinformation », observe le chercheur américain. Au Burkina, la junte a chassé les médias internationaux du pays et les journalistes locaux s'autocensurent, craignant d'être arrêtés et envoyés au front pour lutter contre les djihadistes comme cela est arrivé à certains de leurs confrères. Des Burkinabè de la diaspora s'efforcent de démentir le narratif de la junte, en relayant par exemple sur les réseaux sociaux les revendications d'attaques de groupes djihadistes. Mais au Burkina, commenter ou partager ces publications est assimilé à une apologie du terrorisme, passible de peines d'emprisonnement d'un à cinq ans.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store